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6 novembre 2009 5 06 /11 /novembre /2009 09:02

Du 2 au 8 novembre, une semaine de mobilisation anti-carcérale est organisée à l’initiative de l’Association pour le Respect des Proches de Personnes Incarcérées. Alors qu’à la suite de la manif à Poitiers le 10 octobre dernier, les médias ont parlé uniquement des dégâts matériels faits par quelques manifestant-e-s, il est nécessaire de réaffirmer haut et fort notre opposition au système carcéral et à la politique pénale de l'État français.

 

Plus de 60 000 personnes sont aujourd’hui en prison, contre 45 000 en 2001. Pas parce qu’il y plus de délits commis, mais bien parce qu’avec les peines planchers pour les récidivistes, l’incarcération de mineurs toujours plus jeunes, les comparutions immédiates, l’augmentation des détentions provisoires, la criminalisation des migrant-e-s, on enferme de plus en plus facilement. Qu’on puisse entauler des gens pour plusieurs années après un «procès» de 20 minutes, sans que le/la prévenu-e n’ait accès à une défense décente, ça ne gêne visiblement pas grand monde : ni les procureur-e-s, ni les juges, ni les politicard-e-s de droite comme de gauche qui votent à chaque législature des lois plus répressives (LSQ, LSI, lois Perben 1 et 2…).

 

Les bonnes excuses

Tout ceci est accompagné d’un discours nauséabond, qui joue des ambigüités entre les figures largement mythifiées du malade mental, du criminel, du violeur, du récidiviste. Les établissements de soin, déjà rarement pensés pour le bien des personnes souffrant de troubles psychiques, sont fermés à tour de bras, envoyant mécaniquement en prison, par milliers, des personnes qui auraient besoin d’une prise en charge spécifique. Résultat : 8 détenus sur 10 souffrent de pathologies psychiatriques. A l’inverse, les discours sur les origines psychiques de la criminalité se développent à une vitesse effrayante, de la croyance de Sarko dans le caractère génétique de la pédophilie jusqu’au « dépistage » des comportements déviants chez les jeunes enfants, en passant par la loi sur la rétention de sûreté qui permet à l'État de garder enfermées à vie des personnes qui ont purgé leur peine, au prétexte de leur « dangerosité ». Cet essentialisme, qui ramène tout à l’individu, et fait de l’enfermement la solution universelle aux « problèmes sociaux », sert surtout à éviter la question du rôle de l'État et du capitalisme dans la production de la maladie mentale et de la criminalité, et donc de la responsabilité de la société dans les actes illégaux ou anormaux commis par ses membres. L'État français détient dans ses geôles plus de 15 000 présumé-e-s innocent-e-s.en attente de jugement Là encore, ça ne gêne pas grand monde. Pourtant, avec les passeports électroniques, les fichiers ADN, la vidéosurveillance, les écoutes de portable, ça paraît bien difficile aujourd’hui de se faire la malle avant son procès. Alors pourquoi tant de détentions provisoires ? Simplement parce que la logique autoritaire et répressive est en roue libre, sans le moindre contre-pouvoir. Pas de travail ? Détention jusqu’au procès ! Pas de domicile fixe ? Idem ! Déjà condamné-e ? Une tête qui revient pas au juge ? Des potes louches ? Détention ! Détention ! Détention !

 

La prison c'est l'enfer

Puis en détention, qu’on ait été jugé-e ou pas, c’est l’enfer, tout simplement. Parce que la prison, contrairement aux mensonges de la loi et de ceux/celles qui la font et l'appliquent, ce n’est pas la simple privation de la liberté de mouvement. La prison, c’est la destruction minutieuse de tous les droits humains: droit de disposer de son temps comme on l’entend ; droit d’accéder aux mêmes produits que tout le monde, et au même prix ; droit de lire les journaux et les livres qu’on veut, sans censure ; droit à un procès équitable, quand l’administration pénitentiaire veut vous mettre au mitard ; droit à un salaire minimum quand on travaille ; droit de s’exprimer librement, de s’associer, de se réunir ; droit à des soins ; droit à l’amitié, à l’amour ; droit à la vie même. Tout ça est balayé. Dans le système carcéral, le/la détenu-e n’est pas traité-e comme un être humain, et souvent, il/elle en crève. Et de la même façon que le mal carcéral bouffe l’ensemble de la vie du/de la taulard-e, il déborde sur tou-te-s celles/ceux qui l’entourent. Parent-e-s, gamin-e-s, amant-e-s, ami-e-s, qui n’ont pas été inculpé-e-s, pas jugé-e-s, sont pourtant puni-e-s, et durement. Un salaire en moins pour le foyer, les kilomètres qu’il faut faire pour essayer de voir son fils, son pote, sa copine, son père, les visites trop courtes, humiliantes, qui parfois sont annulées sans qu’on soit prévenu…

Il est plus important que jamais de rappeler que la prison est un choix de société, qui est loin d’être la seule réponse possible aux comportements déviants.

Un choix qui est exploité cyniquement par des capitalistes sans vergogne : bétonneurs, prestataires de service divers, entreprises bien contentes d’avoir accès à une population souvent quasi-forcée de bosser, corvéable à merci, sans aucun droit et payée une misère.


Contre le système carcéral et pénal, pour le droit des détenu-e-s et de leurs proches à une vie digne, seule la lutte peut payer !

TOUS ET TOUTES A LA MANIFESTATION DE DIMANCHE !!!!

 

Initiatives en préparation du 02 au 06/11.

SAMEDI 07/11

au CICP 21, rue Voltaire, 75011 Paris
11-14H : accueil, films et petite restauration.
14-17H : ateliers : familles (parloires, éloignements géographiques, etc.) , EPM (éducation et criminalisation des mineurs), conditions de détentions (isolement, longues peines, etc.) et questions juridiques (rôle des avocats, etc.)
17-19H :Bilan des ateliers et débat sur la lutte contre le système carcéral.
19H30 : Repas chaud et Concerts avec la K-Bine (Rap), Angry cats (Rockabily festif), Blackara (rap), Twin Twin (Slam et plus).

DIMANCHE 08/11

au CICP
11H : AG pour évoquer les suites de la mobilisation. petite restauration

14H : Manifestation vers la prison de la Santé

+ concerts avec La Fraction, Parrabelum, la Scred Connection et Casey (à confirmer).

 

 

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